Ousmane Socé DIOP sur les inondations à Rufisque

1 Octobre 1954 / 1 Octobre 2020 : il y a 66 ans, un article de Ousmane Socé DIOP sur les inondations à Rufisque

Par Issa Thioro GUEYE


C’est au cours de la nuit du 1er au 2 août que Rufisque s’est réveillé dans la stupeur. Des trombes d’eau s’abattirent sur la ville, accompagnées de rafales de vent d’une violence inouïe qui cassaient tout sur leur passage, emportaient les cases en paille.
En un clin d’œil, l’eau monta à cinquante centimètres à l’intérieur des demeures puis à un mètre et un mètre cinquante. Ce fut dans l’affolement et la panique que les parents avisés sauvèrent de justesse des enfants en les juchant, qui sur une armoire, qui à travers les lattes restantes d’un plafond à moitié emporté.
Chaises, malles, vêtements, mobilier et ustensiles de cuisine, furent entrainés dans la nuit par un courant d’eau d’une force irrésistible qui malheureusement emporta aussi huit morts dont un couple d’Européens.
Ce nouveau sinistre dépassait ainsi en ampleur et en gravité, le dernier enregistré, celui de 1951.
Il est donc désormais établi que la nécessité qu’il y a, à doter de la commune de Rufisque d’une infrastructure de drainage et d’évacuation des eaux de grosses pluies n’est plus simplement une question d’urbanisme, mais une affaire de salut public. La Municipalité de Rufisque s’est avérée incapable de trouver une solution valable à cette catastrophe qui s’est abattue sur notre ville à plusieurs reprises.
C’est donc au Territoire du Sénégal que nous nous adressons pour demander que l’Assemblée territoriale veuille bien se pencher sur ce problème d’intérêt général en vue d’inscrire au budget du Sénégal de 1955 des sommes nécessaires à l’entreprise des grands travaux qui, seuls, demain, pourront empêcher le retour de la catastrophe.
Déjà des échos favorables nous sont parvenus de divers horizons publics. Monsieur le Gouverneur du Sénégal, par décision du 9 août, a mis à la disposition de la Municipalité de Rufisque une somme de 250.000 francs à titre de participation du Territoire aux secours immédiats.

Le Service des T.P. est en train d’estimer le montant des crédits nécessaires à l’installation de canalisations suffisantes pour mettre la ville de Rufisque à l’abri des inondations.
Une partie de cette somme, soit environ dix millions, sera inscrite sur le projet de budget soumis à l’Assemblée territoriale pour l’exercice 1955.
Un vœu de la Commission Permanente du Grand Conseil de l’AOF vient de suggérer que les crédits complémentaires de ce que le Sénégal pourra supporter, soient pris en charge par le Budget général de l’exercice 1955.
L’Assemblée de l’Union Française vient également de voter une proposition de résolution invitant le Gouvernement à venir en aide aux sinistrés de Rufisque.
Ce ne sont donc pas les sympathies et la bienveillance qui nous font défaut. Mais puissent les élus du Sénégal, à tous les échelons, être des avocats assez éloquents de la Commune de Rufisque pour que toutes ces bonnes intentions ne meurent à l’état de projet.

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