Le président guinéen Alpha Condé, qui a annoncé cette semaine sa décision controversée de briguer un troisième mandat, a déposé jeudi son dossier de candidature devant la Cour constitutionnelle.
Alpha Condé avait mis mercredi un terme définitif à des mois d’ambiguïté en confirmant être candidat à un troisième mandat, malgré une contestation qui a coûté la vie à des dizaines de civils.
Un jeune homme a perdu la vie, touché d’une balle perdue à la tête, en marge d’échauffourées qui ont éclaté mercredi à Conakry après cette annonce, selon sa famille et le Front national de défense de la Constitution (FNDC).
Le FNDC, collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile, mène depuis l’année dernière une campagne contre la révision constitutionnelle adoptée en mars à l’issue d’un référendum controversé et émaillé de violences, qu’il dénonce comme un coup d’Etat institutionnel.
Vêtu d’un costume bleu et portant un masque de protection, Condé a parcouru à pied jeudi à la mi-journée les quelques centaines de mètres séparant le palais présidentiel de la Cour constitutionnelle, entouré de son épouse, Hadja Djéné Condé, du président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, et de plusieurs ministres.
Le président de 82 ans « se fera examiner par un collège de médecins qui confirmera qu’il est apte à diriger le pays pendant encore quelques années », a expliqué un membre de son entourage ayant requis l’anonymat.
La nouvelle Constitution, comme la précédente, limite le nombre des mandats présidentiels à deux. Mais les partisans de Condé arguent que ce changement de loi fondamentale remet les compteurs à zéro.
Alpha Condé est le quatrième candidat à avoir déposé officiellement son dossier pour le scrutin du 18 octobre.
L’ont précédé l’économiste et ancien ministre Ousmane Kaba (Parti des Démocrates pour l’Espoir), exclu en 2016 du parti de Condé, l’avocat et ex-ministre Abdoul Kabélé Camara (Parti guinéen pour le Développement) et l’ex-ministre et ancien économiste au FMI Ousmane Doré (Mouvement national pour le Développement), ont indiqué ces personnalités à l’AFP.
Les ténors de l’opposition n’ont toutefois pas encore indiqué s’ils comptaient affronter Condé dans les urnes ou boycotter le scrutin.
Ancien opposant historique ayant connu l’exil et la prison, Alpha Condé est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires. Il a été réélu en 2015.