Dans sa Déclaration de politique générale (DPG), le Premier ministre Ousmane Sonko a présenté une vision ambitieuse pour repositionner le Sénégal sur la voie du développement économique. Cette ambition repose sur une réforme fiscale audacieuse et des mécanismes innovants de financement, visant à mobiliser les ressources domestiques. Selon le Premier ministre, cette stratégie est essentielle pour réduire la dépendance vis-à-vis des financements extérieurs et renforcer la résilience économique du pays.
Une réforme fiscale ambitieuse
Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de renforcer la mobilisation des recettes fiscales, considérant la fiscalité comme « le maillon le plus important de la politique budgétaire ». Actuellement, le Sénégal affiche un taux de pression fiscale d’environ 18 %, en deçà de l’objectif de 20 % fixé par l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). L’objectif du gouvernement est d’atteindre et de maintenir un taux supérieur ou égal à 20 %, ce qui « correspondrait à des recettes additionnelles de plusieurs centaines de milliards annuelles ».
Pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures ont été annoncées, notamment :
- La lutte contre les niches fiscales, jugées responsables de « pertes de recettes considérables ».
- La rationalisation des exonérations fiscales, notamment pour les cimenteries et les consommations d’eau et d’électricité pour ne cibler que les ménages les plus défavorisés.
- La révision des conventions fiscales, notamment avec les paradis fiscaux, pour contrer la fraude et l’évasion fiscales.
Vers une fiscalité équitable et efficace
Une des propositions phares est la révision du Code général des Impôts afin de « rationaliser les mesures dérogatoires éparpillées » dans différents textes législatifs et de les regrouper en un seul corpus juridique. Cette réforme vise à élargir l’assiette fiscale tout en réduisant progressivement les taux d’imposition, une approche décrite comme essentielle pour une fiscalité plus équitable.
Le Premier ministre a également annoncé le retour à la taxation des appels internationaux entrants, une mesure qui avait été supprimée en 2012. Ce dispositif pourrait rapporter environ 50 milliards de FCFA par an au Trésor public, selon les estimations initiales.
Mobilisation des financements alternatifs
En plus de la réforme fiscale, le gouvernement entend innover dans la mobilisation des ressources domestiques. Des mécanismes tels que les Organismes de Placement Collectif (OPC) et les Fonds d’Investissement Alternatifs (FIA) seront introduits. Ces outils permettront aux Sénégalais de participer directement au financement des grands projets nationaux, renforçant ainsi l’implication citoyenne dans la transformation économique du pays.
En outre, les investisseurs institutionnels, tels que la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) et le Fonds national de retraite, seront sollicités pour financer les infrastructures et programmes prioritaires. En ce qui concerne plus particulièrement la CDC, le Premier ministre a annoncé que « conformément aux dispositions de loi n° 2017-32 modifiant la loi n° 2006-03 relative à la CDC, des mesures urgentes seront prises en vue du strict respect par les entités assujetties au titre du dépôt à la CDC des fonds qu’elles détiennent, en particulier les notaires et certains concessionnaires ».
Réduction de la dette et autonomisation économique
L’une des priorités du gouvernement est de ramener l’encours de la dette publique sous la barre des 70 % d’ici 2029. Cette démarche, selon Ousmane Sonko, s’appuie sur une discipline budgétaire accrue et une mobilisation des ressources internes avec comme objectif visé « de diminuer l’exposition au risque de change et de dégager des marges de manœuvre budgétaire pour ramener et maintenir le profil de la dette extérieure à un risque faible ».
En conclusion, le Premier ministre a appelé à un effort collectif pour transformer la structure économique du pays. Pour lui, la meilleure garantie de la résilience du pays réside dans sa capacité à mobiliser ses ressources internes. Cette démarche sera le socle d’une souveraineté économique retrouvée, affirme le Premier ministre.









