Papa Diomaye Ngom, professeur de philosophie

À quand la fin ? (Par Papa Diomaye Ngom)

Qui dit ceci dit cela « ku wax li wax lača dess ». Encore une fois nous sommes tous vraiment attristés par cet accident très mortel. On nous dira certes que c’est la volonté divine « ndoogalu Yaala leu », croyants que nous sommes, on ne peut pas ne pas accepter cette idée. Oui c’est sans doute la volonté divine qui s’est manifestée. En effet, vous savez que dans la vie humaine, il y’a un sens qui dépend de nous et un autre qui ne dépend guère de nous mais c’est aberrant de vouloir à chaque fois décharger l’homme de sa responsabilité et se limiter à dire simplement « ndogalou yala leu ». C’est de la mauvaise fois, même les wolofs qui disent cela disent en même temps que « yala yala bay sa tol ». Quelle est la responsabilité humaine dans tout cela? Les routes sont-elles en bon état ? Les véhicules ont-ils validé leurs visites techniques? Qu’en est-il du comportement humain des conducteurs ?

Ce qui m’intéresse dans ce propos c’est de réfléchir sur le sens qui dépend de nous et uniquement de nous sinon la notion de responsabilité humaine disparaîtrait. On a confié notre pays à un État qui a comme rôle d’organiser la vie sociale, d’assurer la paix et la sécurité des citoyens et de leurs biens. Ainsi, parlons un peu de cette sécurité et surtout de la sécurité routière en commençant par l’obtention des permis de conduites, des certificats de visites techniques de l’état des véhicules, parlons de l’état de nos infrastructures routières, du comportement humain des usagers par rapport au code de la route etc. Le mal est profond et les responsabilités doivent être situées.

Le problème est un problème de système d’où la nécessité d’interroger tous les composants du système des transports terrestres. On ne doit pas attendre qu’il ait un drame pour prendre des mesures. Un État c’est de l’anticipation, c’est une vision. L’Etat doit être un retors dans ses entreprises et dans son déploiement. Il ne faut pas non plus attendre qu’il ait des événements religieux (Gamou, Magal) pour penser à mettre en place un dispositif sécuritaire routier. J’ai toujours salué les initiatives prises à l’occasion de ces événements pour lutter contre la délinquance routière mais aussi contre les accidents. Toutefois, qui peut le plus, peut également le moins, je dis que ces mesures doivent être pérennisées et étendues sur tout le territoire avec les mêmes moyens ou avec d’autres moyens selon le trafic, l’essentiel c’est que ça ne s’arrête pas au Magal et Gamou. L’Etat est entièrement responsable de notre sécurité (Hobbes) et donc il doit tout faire pour juguler les accidents et les risques d’accidents routiers afin d’assurer pleinement son rôle. Encore une fois on a besoin d’oboles pour résoudre les problèmes du transport plutôt que d’oboles destinées aux familles victimes.

Quarante morts c’est vraiment trop et triste.
Que leurs âmes reposent en paix.
Mes condoléances aux familles éplorées.

Papa Diomaye Ngom,
Professeur de Philosophie au lycée Dembancané.

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