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Etat et Daaras, le fossé se creuse…

Par Serigne Cheikh Tidiane SY al amine

Politique dafay échec, diné dafay échec, tariqa dafay échec. Disait Serigne Cheikh Al Maktoum.
Mais Faudrait-il qu’on ait l’honnêteté de l’avouer comme disait ce Sage Homme. Il faut reconnaître que dans la gestion du système des daaras, la politique de l’Etat a échoué. La dernière affaire liée aux opérations de retrait des enfants de la rue vient encore une fois creuser le fossé entre les tenants de Daaras et les pouvoirs publics. Même si la légalité confère à l’Etat le monopole de la violence pour le maintien de l’ordre, Cela ne légitime pas pas son intervention vis-à-vis des acteurs de Daaras qui sont véritablement des marginalisés du système éducatif.

Le dernier communiqué de la Police nationale sur cette affaire ne fait que remettre à nu la frustration des acteurs des daaras face à ce qu’ils considèrent comme une injustice qu’ils subissent de la part des pouvoirs publics. Comme pour dire « vous ne nous prenez pas en charge alors f.. nous la paix ».
Faut-il le reconnaître, nous avons tous échoué dans la transition des daaras vers un système adapté au contexte urbain et à l’enseignement « moderne ». N’ayons pas peur de ce qualificatif « moderne » pris dans son acception conforme aux exigences de l’évolution de notre environnement.

L’Etat a échoué en oubliant dans sa politique d’éducation un pan important de la population éprouvant un besoin de socialiser l’enfant dans un environnement religieux au nom d’une laïcité impropre. Kéne dou yed ku nek ci jafe jafe. Mais faut-il le reconnaître aussi, les religieux n’ont pas su adapter et mettre en oeuvre l’organisation nécessaire pour mettre à niveau les daaras afin qu’ils continuent de former les élites comme ils ont pu le faire dans le passé. Les timides tentatives de création d’écoles franco-islamiques d’obédience soufie ou d’inspiration réformiste n’ont pas permis de prendre en charge cette demande sociale afin d’intégrer les valeurs de l’enseignement islamique aux sciences profanes utiles à notre condition de citoyen.

Faut-il reconnaître que le daara a toujours été perçu par nos pouvoirs publics comme l’émanation d’un pouvoir religieux qui doit être maîtrisé et non renforcé. Par réaction, les acteurs des daaras perçoivent l’Etat d’émanation coloniale comme un persécuteur qui a toujours cherché son démantèlement.

Cette double perception de part et d’autre doit évoluer pour construire un nouveau système éducatif qui émanera de l’évolution des daaras adaptés à l’enseignement conventionnel. Le daara dans sa forme traditionnelle en tant que symbole qui a porté notre système éducatif pendant des siècles devra être préservé dans des universités comme Coki, Pire, Diamal, Touba, Tivaouane, etc., à l’image de Azhar en Égypte où Al Qaraouine au Maroc, afin de continuer à former des élites religieuses et à conserver les fondamentaux d’un enseignement religieux qui a fait de notre Pays ce qu’il est devenu aujourd’hui en terme de spiritualité et d’érudition. Par ma petite voix, J’en appelle au changement de paradigmes de la part des pouvoirs publics dans la gestion des opérations de retrait des enfants de la rue quant à son efficacité dans la lutte contre la mendicité des enfants et la pandémie.

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