USA : La production des terres rares relancée par les États-Unis

Les faits Afin de diminuer leur dépendance vis-à-vis de la Chine, les États-Unis investissent dans des projets miniers au Canada pour y produire des terres rares, ces métaux indispensables pour l’industrie. Ils rouvrent aussi leur unique mine, située en Californie et qui avait fermé en 2015.


À Anchorage, en Alaska, les États-Unis et la Chine ont fait étalage de leurs désaccords à l’occasion de la première rencontre entre diplomates de haut niveau depuis l’élection de Joe Biden. Dans le même temps, alors que le climat se tend entre les deux premières puissances économiques mondiales, les États-Unis s’efforcent d’encourager des entreprises américaines à investir dans la production de terres rares, afin d’échapper à la dépendance chinoise.


EXPLICATION. Les terres rares, au cœur de la mondialisation


Jeudi 18 mars, le ministère américain du commerce a ainsi réuni à huis clos des groupes miniers américains et de gros acteurs industriels comme Tesla, selon l’agence Reuters, pour les inciter à investir dans la création de nouvelles capacités de production au Canada voisin.
Un projet d’extraction à Terre-Neuve
Le 11 mars dernier, la société américaine USA Rare Earth a déjà annoncé un investissement dans Search Minerals, une entreprise minière canadienne, pour exploiter ensemble une future mine à Terre-Neuve, dans l’est du Canada. Search Minerals a prospecté sur place dans une zone riche en minerais de 63 km de long et 2 km de large. Les deux entreprises pourraient aussi raffiner ensemble au Texas et commercialiser des terres rares. Le but est de « développer une chaîne d’approvisionnement en matériaux critiques en Amérique du Nord », expliquent les deux sociétés dans un communiqué commun.

Les terres rares sont un ensemble de 17 minéraux indispensables à l’industrie. Ils sont utilisés dans la production de composants électroniques ou d’aimant permanents, ce qui les rend stratégiques pour les industries de défense, la production de voitures électriques, d’éoliennes ou de téléphones portables. Une Toyota Prius contient par exemple 15 kg de terres rares, un avion de combat américain F-35 en contient 416 kg et un sous-marin nucléaire plus de 3 600 kg.

Ils ont ainsi relancé en 2018, avec le soutien du ministère de la défense, une ancienne mine de Californie, à Mountain Pass, à la frontière avec le Nevada. Entre 1965 et 1995, cette mine a été l’une des toutes premières du monde pour la production de terres rares avant de péricliter. Mountain Pass a fait faillite en 2015, alors que le prix de ces minerais avait beaucoup baissé, laissant une ardoise d’1,7 milliards de dollars, après treize trimestres consécutifs de pertes.

La mine a été reprise en 2018 par un consortium, MP materials, qui indique clairement son ambition : « Notre mission est de restaurer l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement des terres rares aux États-Unis d’Amérique ».

Les États-Unis vont arriver à 16 % de la production mondial, « Mountain Pass est le seul site intégré d’extraction et de traitement des terres rares en Amérique du Nord. Notre succès conduira à la relocalisation d’emplois, à la sécurité nationale et à un avenir à faibles émissions de carbone », promet la nouvelle société. Sur place, l’extraction a déjà repris. MP Materials investit dans de nouvelles capacités de traitement qui vont commencer à fonctionner en 2022. Une fois que le site tournera à plein, les États-Unis devraient disposer de 16 % de la production mondiale en terres rares.
À cause des contraintes environnementales, il est difficile de créer d’autres sites de production aux États-Unis. C’est pourquoi le gouvernement américain encourage le développement d’une production de l’autre côté de sa frontière nord, au Canada. Les réserves connues de terres rares y sont de plus de 15 millions de tonnes. Les industriels se voient proposer des subventions du gouvernement américain dans le cadre du « Defense Production Act » ou d’autres programmes de financement. Et les terres rares sont dispensées de droits de douane.

François D’Alasson, La Croix

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