Ucad : les cas de vol se multiplient

Au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop, la sécurité au niveau des différents pavillons constitue un problème majeur pour les résidents. Des cas de vol répétés dans les chambres sont notés. Alors que pour les étudiants, les responsabilités sont partagées, le Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Coud) prévoit des mesures contre ce fléau. Reportage…

« Le vendredi 5 mars, après la prière de 14H, on a reçu des invités et vers 16h, on est tous sorti les raccompagner en groupe. Une vingtaine de minute plus tard, un autre de nos camarades nous appelle et nous dit qu’on a été cambriolé », raconte Aboubakry Ba adossé au mur de sa chambre, serein. Lors des faits, il se rappelle n’avoir pas dormi de la nuit car pensant surtout aux données qu’il a perdues, lui et ses camarades de chambre. Alors en préparation de son master, il a eu d’énormes difficultés pour boucler son travail. Quatre semaines plus tard, il a fini son projet en empruntant une machine à un de ses amis. Dans leur chambre, trois ordinateurs et un sac à dos ont été emportés, laissant un groupe dans le désarroi total pour la suite de leur formation où le numérique occupe une grande partie.

Un vol sans effraction

Des histoires comme celle-ci, il y en a eu plusieurs au pavillon D du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop. « Le plus bizarre, c’est qu’il n’y a eu aucune effraction, la porte était ouverte avec une clé soit passe-partout soit dupliquée ». Un vol que les étudiants ne s’expliquent toujours pas mais analysent : « le voleur est un étudiant qui nous a observé et qui savait parfaitement l’heure à laquelle on allait sortir pour venir nous voler. Il a même pu nous fréquenter et réussir à dupliquer la clé de notre chambre à notre insu ou alors le voleur détenait une clé qui passe partout ».

Depuis cet incident, les locataires de cette chambre du pavillon D sont devenus plus méfiants envers leurs camarades et considèrent que la responsabilité de ces actes de vol répétés sont partagées entre les étudiants et le Centre des Œuvres Universitaires de Dakar.

Calme depuis le début de la conversation, Mohamed est le premier à avoir rejoint la chambre après le vol. « J’étais tellement fâché ce jour-là », dit-il d’un ton ferme avant d’ajouter que le problème majeur dans le campus social, c’est le fait qu’il soit quasi impossible d’identifier les étudiants des non étudiants. « Il y a du tout ici, des étudiants, des chômeurs, des travailleurs vraiment c’est un melting pot », soutient-il.

Dans cette histoire, Aboubakry Ba pointe du doigt le manque de communication du chef de pavillon au sujet de ces vols répétés pour que les étudiants prennent davantage leurs précautions. « Le chef de pavillon aurait dû prévenir qu’il y a une vague de vols dans le bâtiment au lieu d’attendre qu’on soit victime pour nous casser le morale en nous disant que nous ne sommes pas les seuls », fustige ce dernier.

Le service de l’hébergement se dédouane

Trouvé dans son bureau au rez-de-chaussée du même pavillon, le secrétaire d’administration au service de l’hébergement admet que ces actes sont perpétrés dans les pavillons mais que le service de sécurité peine à protéger les biens de tous les étudiants. Et surtout, il n’est pas habilité à prendre de décision en cas de vol dans les chambres car cette responsabilité incombe à la sécurité du campus social.

Au service de la sécurité située en face des bureaux du Coud, le discours est quasiment le même. « Lorsque des cas de ce genre se produisent, le service de la sécurité accompagne les étudiants pour déposer une plainte au commissariat et mène en même temps son enquête. Il nous est même arrivé récemment d’intercepter un voleur au niveau des pavillons, nous l’avons remis à la police, qui est habilitée à gérer ce genre de situation », raconte Mbaye Fall, adjoint au coordonnateur de l’unité de sécurité du Coud.

Les agents de sécurité dans le campus social sont surtout présents dans les différentes portes d’entrée de l’université où ils vérifient l’identité des entrants. Sur la question de vols répétés à l’université, M. Fall soutient qu’il n’y a pas de système préétabli et que chaque cas est traité différemment mais dans tous les cas « la sécurité accompagne les étudiants dans la procédure judiciaire si enclenchée »

Impossible dédommagement ?

Dans les cas de vol, le guide de l’étudiant du COUD établit une certaine norme. Les étudiants ne doivent pas garder une somme supérieure à 100.000 francs CFA dans une chambre, explique M. Fall. Et pour qu’un étudiant puisse exiger une réparation, une palette de règles doivent être respectées mais, comme le dit M. Fall, « en 21 ans de service ici, je n’ai jamais vu un étudiant remplir toutes les conditions pour demander un dédommagement au Coud ».
Dans ce sillage d’insécurité qui règne dans le campus social, les étudiants prennent de plus en plus leurs précautions, s’assurent de ne pas laisser des objets de valeur dans leurs chambres.

Source : CESTI INFOS

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