la faim sévère resserre son emprise au nord de l’Éthiopie.

Éthiopie : 83 % des personnes en Tigré sont en situation d’insécurité alimentaire (PAM)

La faim sévère resserre son emprise au nord de l’Éthiopie

L’évaluation de la sécurité alimentaire urgente du Tigré révèle que 83 % des personnes sont en situation d’insécurité alimentaire

Une nouvelle évaluation de la sécurité alimentaire, publiée aujourd’hui par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, montre que près de 40 pour cent des Tigréens souffrent d’un manque extrême de nourriture, après 15 mois de conflit. Parallèlement, dans les trois régions du nord touchées par le conflit, plus de 9 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire alimentaire, le nombre le plus élevé à ce jour.

L’évaluation de la sécurité alimentaire urgente du Tigré révèle que 83 % des personnes sont en situation d’insécurité alimentaire. Les familles épuisent tous les moyens dont elles disposent pour se nourrir, les trois quarts de la population utilisant des stratégies d’adaptation extrêmes pour survivre. Les régimes alimentaires s’appauvrissent de plus en plus à mesure que les produits alimentaires deviennent indisponibles et les familles dépendent presque exclusivement des céréales, tout en limitant la taille des portions et le nombre de repas qu’elles mangent chaque jour pour prolonger la disponibilité de la nourriture.

En termes de nutrition, l’enquête révèle que 13 % des enfants tigréens de moins de 5 ans et la moitié de toutes les femmes enceintes ou qui allaitent un enfant souffrent de malnutrition, ce qui entraîne des grossesses difficiles, un faible poids à la naissance, un retard de croissance et des décès maternels.

« Cette sombre évaluation confirme à nouveau que ce dont les habitants du nord de l’Éthiopie ont besoin, c’est d’une aide humanitaire accrue, et ils en ont besoin maintenant », a déclaré Michael Dunford, directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Est.

« Le PAM fait tout ce qui est en son pouvoir pour que nos convois de vivres et de médicaments traversent les lignes de front. Mais si les hostilités persistent, nous avons besoin que toutes les parties du conflit acceptent une pause humanitaire et des couloirs de transport officiellement convenus, afin que les provisions puissent atteindre les millions de personnes assiégées par la faim. »

Dans la région voisine d’Amhara, la faim a plus que doublé en cinq mois, car la région a subi le plus gros des combats récents entre la Force de défense nationale éthiopienne (ENDF) et les Forces du Tigré (TF). Plus de 14 % des enfants de moins de cinq ans et près d’un tiers des femmes enceintes ou qui allaitent un enfant souffrent de malnutrition.

Dans la région d’Afar, à l’est du Tigré, les déplacements provoqués par le conflit font grimper les taux de faim et de malnutrition. Des données récentes provenant de dépistages médicaux montrent que les taux de malnutrition des enfants de moins de cinq ans étaient de 28 %, bien au-dessus du seuil d’urgence standard de 15 %. L’intensification du conflit à la frontière entre le Tigré et l’Afar ces derniers jours devrait forcer davantage de communautés à quitter leurs foyers et à s’enfoncer davantage dans la faim.

Le PAM estime qu’en moyenne, les familles touchées par la crise dans le nord de l’Éthiopie ont reçu moins de 30 % de leurs besoins caloriques au cours des derniers mois, plongeant les communautés plus profondément dans la crise. On s’attend à ce qu’une aide humanitaire alimentaire continue soit nécessaire au moins tout au long de 2022.

Depuis mars, et malgré les défis posés aux opérations, le PAM a apporté une aide alimentaire et nutritionnelle à près de 4 millions de personnes dans le nord de l’Éthiopie. L’enquête a révélé que lorsque l’accès au Tigré s’est amélioré pendant les mois d’été, l’aide humanitaire du PAM et de ses partenaires a évité que ceux qui avaient été coupés de l’aide avant mai ne meurent de faim.

Cependant, depuis la mi-décembre, aucun convoi n’a atteint le Tigré. Les combats et l’insécurité signifient que le PAM et d’autres acteurs humanitaires ont du mal à atteindre les zones isolées par le conflit, dans des conditions qui mettent en danger la sécurité du personnel et la sécurité des approvisionnements humanitaires.

La réponse du PAM dans le nord de l’Éthiopie nécessite de toute urgence 337 millions de dollars pour fournir une assistance au cours des six prochains mois, et commencera à manquer de capacité pour acheter de la nourriture à partir de février. Dans tout le pays, le PAM a un déficit de financement sans précédent de 667 millions de dollars pour sauver et changer la vie de 12 millions de personnes au cours des six prochains mois.

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