La contre-révolution française par rapport au Sénégal

La France a connu un camouflet sans pareil à l’occasion de l’insurrection au Sénégal, début mars 2021. Son cousin germain, à travers sa jeunesse sénégalaise, lui a tourné le dos, comme en août 1958.

Les radars de l’Ambassade française à Dakar, la DGSE, et bien d’autres antennes, n’avaient pas vu le coup venir. Il faut donc reprendre l’initiative du côté français. La bataille de Dakar ne fait que commencer, c’est une citadelle que, jamais, les français ne lâcheront ! Si Dakar est perdu, c’est toute la présence française qui s’effondrera dans cette région.

C’est ainsi que, le 18 mai, des présidents africains sont invités à Paris pour parler des économies africaines (Sommet de financement des économies africaines). Je vous invite à relire mon édito pour comprendre que l’Afrique n’est qu’un continent suiveur : https://www.seneplus.com/opinions/le-talon-dachille

Même le plus grand allié de la France, à la fin de son mandat présidentiel, Léopold Sédar Senghor, s’était confié à Jeune Afrique, en ces termes :

« La dépendance vis-à-vis de l’étranger est beaucoup plus grave que du temps du régime colonial. Sous le régime colonial, on pouvait protester, on avait le peuple avec nous. Aujourd’hui, on est colonisé et on ment au peuple en disant qu’on est libre. Nous en revenons toujours à la même question : il faut penser et agir par soi-même et pour soi-même. »

Sans doute Senghor avait-il compris trop tard ses erreurs politiques.

L’Afrique pense-t-elle par elle-même, agit-elle par elle-même lorsqu’elle se rend en France, à l’Elysée, pour discuter de l’avenir de ses économies ? L’objectif affiché par le sommet est de redonner « un gros ballon d’oxygène » aux économies africaines. En réalité, la France contre-attaque par rapport à sa perte d’influence en Afrique. A fortiori par rapport à la révolution juvénile sénégalaise. Elle est surtout animée pour sauvegarder ses intérêts, voire relancer sa machine économique qui en aura bien besoin après la Covid-19.

Emmanuel Macron pense dur comme fer que la Covid-19 peut générer des révolutions dans le pré-carré français et que la population se retournerait contre ses fidèles alliés, les présidents africains. Cette analyse n’est pas fausse. Seulement, poser la primauté de l’économie comme postulat est encore une erreur d’analyse flagrante. Le problème est bien plus profond.

Je représente une nouvelle génération de français qui encouragent des changements profonds dans la relation Europe-Afrique. Aujourd’hui, je pense à ces 14 jeunes morts début mars au Sénégal. La vie s’est arrêtée pour eux. Aucun mot de la part de la France, terre des droits de l’homme ! Alors que la vie économique reprend ses droits, et des sourires de complicité continueront entre Macky et Emmanuel (comme décrit dans mon édito : https://www.seneplus.com/opinions/le-mauvais-oeil-de-dakar : j’y dénonçais la complicité entre les présidents français et Macky Sall).

La résistance va devoir s’organiser sinon rien ne changera !

Emmanuel Desfourneaux

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