Ce TER tout de mensonges et d’escroquerie. (Par Mody Niang)

Le 14 janvier 2019, à quelques encablures de l’élection présidentielle du 24 février de la même année – il convient de le rappeler –, notre président-politicien procédait à la réception de la première phase du projet du Train Express régional (TER), allant de Dakar à Diamniadio.

Á l’occasion, le comédien national déclarait : « Aujourd’hui, 14 janvier 2019, le temps de l’action nous rassemble devant la majestueuse et emblématique gare de Dakar ; cette gare qui, après sa rénovation complète et son extension, a l’allure fière et rajeunie des œuvres qui défient le temps. Nous sommes réunis ici pour honorer un rendez-vous et tenir une promesse ; une promesse faite il y a exactement deux ans et un mois, le 14 décembre 2016, quand nous avions procédé à Diamniadio, au lancement du grand chantier de Train Express Régional Dakar-AIBD, sur 55 Km. J’avais alors donné rendez-vous le 14 janvier 2019 pour la réception de la première phase du projet, allant de Dakar à Diamniadio, sur un linéaire de 36 km.
Ainsi dit, ainsi fait. Nous y voilà ! »

Et notre président-politicien de poursuivre son cinéma, sa comédie : « Avec cette cérémonie, nous réceptionnons la première phase du TER, mais aussi le tout premier projet ferroviaire de l’histoire du Sénégal indépendant ; soit 136 ans après l’ouverture, en 1883, du tronçon Dakar-Rufisque, qui faisait partie du projet ferroviaire de l’ère coloniale, Dakar-Saint-Louis. » Ce train vaut donc vraiment 656 milliards de francs CFA, le coût qu’il a déclaré à l’occasion de cette cérémonie ‘’solennelle’’.

Pour nous en convaincre, il annonce que le TER contribuera à « décongestionner Dakar et ses environs ; réduire considérablement les embouteillages et la pollution due au trafic routier ; valoriser les zones traversées ; renforcer la vocation des pôles de développement comme Diamniadio, la Zone économique de Diass, le nouvel Aéroport International Blaise Diagne et les localités environnantes. »

Sans sourcilier, il ajoutera : « Et comme le TER ira au-delà de Diamniadio, pour gagner du temps, nous avons déjà réalisé les études de faisabilité détaillées de la phase II, sur le linéaire de 19 km qui le mènera jusqu’à l’Aéroport international Blaise Diagne. Nous allons nous atteler sans tarder à la mobilisation des ressources pour le financement de cette phase. »

Et ce n’est pas tout. Lui-même l’exprime, en ces termes : « Et ce n’est pas fini, car notre ambition, étape après étape, c’est de connecter le TER à nos autres régions, pour donner plein sens à sa vocation de Train Express Régional. Cette ambition est fidèle à la vocation du TER : être une figure emblématique du Sénégal émergent, mais aussi être un train populaire, un train accessible à toutes les bourses et à toutes nos localités ; bref être le train de tous les sénégalais et de toutes les sénégalaises. »
Enfin, le rideau du théâtre tombe sur cette phrase : « C’est cela aussi le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous. » Ce président-politicien, ce comédien a une chance inouïe, celle de régner sur un peuple qui passe rapidement sur les événements.

Rappelons que cette cérémonie avait lieu le 14 janvier 2019. Nous sommes aujourd’hui le 13 mars 2021, soit deux ans deux mois après. Nous attendons toujours la mise en service de ce TER qui nous a déjà coûté les yeux de la tête. Des dates nous ont toujours été avancées : janvier 2019, juin 2019, décembre 2019, avril 2020, décembre 2020, avril 2021 et, aujourd’hui, décembre 2021, selon un certain Mayacine Camara, Secrétaire d’État auprès du Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement chargé du Réseau ferroviaire, qui a accordé une longue interview au quotidien L’AS du samedi 10 avril 2012 (pages 7 et 8). Avant de nous arrêter sur cette interview, nous nous posons quand même la question de savoir de quel réseau ferroviaire il est le Secrétaire d’État. Notre patrimoine ferroviaire se réduit, pour le moment tout au moins, à un ‘’petit train bleu’’ à l’arrêt et à un TER dont personne ne sait quand il va démarrer.

Revenons à la longue interview ! Á la première question, ‘’Quand est-ce qu’on pourra espérer la relance de tous les trains à l’arrêt’’, il répond : « Cette situation n’est jamais arrivée au Sénégal. C’est très difficile. » Heureusement qu’il le reconnaît. Il rappelle la première consigne reçue du Chef de l’État « qui était d’organiser le secteur qui était un peu sens dessus dessous (et) de faire du secteur ferroviaire un véritable levier pour la croissance et l’emploi ». L’atteinte de cet objectif n’est sûrement pas demain la veille, en tout cas pas avec eux. Mais il rassure en évoquant un document stratégique qui devait régler tous les problèmes. « Le processus qu’on a mené pour arriver à cette stratégie est très inclusif », précise-t-il. « Très inclusif » ! Il est inclusif ou ne l’est pas. Ce ‘’très’’ n’y a pas sa place.

Notre Secrétaire d’État prend vraiment son travail très au sérieux. Nous retenons sa réponse définitive à la première question posée. C’est celle-ci : « Nous travaillons d’arrache-pied pour que le trafic ferroviaire hors train Express régional (TER) démarre définitivement, parce qu’il ne faut plus qu’il s’arrête. » Et il ajoute : « En tout cas, l’objectif, c’est de relancer le train d’ici à décembre pour aller au moins jusqu’à Tambacounda. » Encore un rendez-vous ! En tout cas décembre, c’est dans huit mois au plus.

Une deuxième question lui est posée, celle-ci : ‘’ Redémarrer le trafic ferroviaire d’ici décembre, cela veut-il dire que tout est fin prêt ?’’ Il répond que « le tronçon Dakar-Tamba est au cœur de la stratégie, la dorsale sur laquelle il faut travailler à fond, que toute la politique ferroviaire est adossée à cette dorsale ». Et notre Secrétaire d’État de poursuivre : « Nous allons totalement réhabiliter cette dorsale. Il s’agit de mettre des trains assez confortables, des wagons de marchandises, des locomotives capables de tirer beaucoup de marchandises. » Quand on parle de train Dakar-Tambacounda, il comporte tout cela. Donc, il s’agit plutôt de trains confortables avec . . . . . Et il se rend compte que « pour tout cela, il faut des rails solides et de charges à l’essieu élevées, (tout cela risquant) d’être une réhabilitation complète qui peut prendre quatre ans » Peut-on attendre quatre ans, se demande-t-il ? Il pense que non et c’est la raison pour laquelle ce sera l’urgence, le ‘’fast track’’ sur ce tronçon Dakar-Tambacounda. Nous verrons.

Á la question de savoir si les travailleurs qui sont un peu dégoûtés de cette situation continueront de percevoir leurs salaires, il répond oui et révèle que « dix milliards ont été votés dans la loi de finances ». Laquelle ? Ensuite, peut-on savoir depuis combien de temps reçoivent-ils leurs salaires sans travailler et jusqu’à quand ? La question mérite quand même d’être posée.

Une autre question du journaliste : ‘’Vous parlez souvent de la stratégie des trois axes stratégiques avec des projets pour le maillage du pays. Où en êtes-vous ?’’

Il répond qu’ils ont défini la stratégie (encore) et que c’est la première phase qu’ils sont en train d’exécuter en urgence. « Ainsi, poursuit-il, en 2020, nous avons finalisé la stratégie (encore la stratégie) et réglé les conditions, à savoir le cadre institutionnel, en créant la société nationale des chemins de fer (SNCF), en mettant sur orbite aussi les grands trains du Sénégal (GTS), et la partie TER ». Il est déjà Secrétaire d’État au réseau ferroviaire et va donc cohabiter avec un Directeur général de la Société nationale des Chemins de Fer (SNCF) devenue, je crois, la Société des Chemins de fer du Sénégal (projet de loi voté le 22 mai 2020) et un Directeur général des Grands Trains du Sénégal (GTS). Quels grands trains vraiment ?

Le grand TER a, naturellement, une gestion autonome. Il a été créé, pour sa prise en charge, la Société nationale de Gestion du Patrimoine du Train Express régional (SEN-TER). Toutes ces structures fonctionnent certainement avec un personnel pléthorique et nous coûtent sûrement les yeux de la tête, pour presque rien, en tout cas pour le moment. C’est aussi cela la gouvernance sobre du président-politicien.

Revenons à l’interview de notre Secrétaire d’État. Á la même question, il répond : « Nous travaillons aujourd’hui à la préparation de la connexion entre le dispositif du TER et celui du chemin de fer. Des commissions sont mises en place pour réaliser ces programmes, à savoir la liaison sur le trafic voyageur Dakar-Diamniadio. Ainsi, à partir de Diamniadio, voir comment faire pour faire rallier les passagers au reste du Sénégal par train. »Connexion du TER avec quel chemin de fer ? Et puis, mettre en place des commissions qui vont travailler sur des programmes dont personne ne sait quand leurs conclusions seront mises en
œuvre !

Notre Secrétaire d’État poursuit : « Mais, il faut travailler sur des rails sécurisés, des trains assez confortables, pas comme ceux du TER évidemment. En tout cas pour qu’on ne soit pas choqué si on descend du TER pour prendre le train du Sénégal. Et tout cela demande aujourd’hui des études préalables. Mais en attendant que le TER démarre dans le semestre qui va suivre et qu’on mette aussi sur orbite les grands trains du Sénégal. »
C’est terrible ce qui nous arrive avec cette gouvernance du comédien Macky Sall. Nos ‘’grands trains’’ auront donc beau être confortables, ils ne le seront jamais comme le TER. Nos amis travailleront donc pour que le voyageur qui descend du TER pour prendre le train du Sénégal ne soit pas choqué. Pour prendre le train du Sénégal ! Ce TER sera donc si confortable qu’il ne sera pas un train du pays. Il le sera peut-être de la France. C’est fort probable.

‘’Á quand l’exploitation commerciale du TER’’, lui demande le journaliste ?
Réponse de notre très compétent Secrétaire d’État : « La polémique de la date de démarrage du TER est très positive. C’est une sorte de motivation pour le gouvernement et les entreprises qui y travaillent. Mais, ajoute-t-il,malgré le retard, le Sénégal a fait beaucoup d’efforts par rapport à beaucoup de pays développés. Malheureusement, à chaque fois, il y a des couacs qui interviennent ou des chocs externes. » Je laisse le soin au lecteur d’apprécier ces efforts immenses, qui le sont plus que dans les pays développés.
L’interview est longue, et notre Secrétaire d’État a répondu à d’autres questions. Nous en retenons une, avant de passer à la cérémonie de décoration de retraités présidée par le Directeur général des ‘’Grands Trains du Sénégal (GTS)’’ et couverte par une journaliste de Sud quotidien du 9 avril 2012, page 2. La question est celle-ci : ‘’Qu’est devenu le petit train bleu qui ne roule plus à Dakar ?’’ Et il répond : « L’exploitation de l’ex-Petit Train bleu qui est devenu les Grands Trains du Sénégal (GTS) est dans le schéma institutionnel considéré comme l’opérateur public de transport voyageur. » L’ex-Petit Train bleu qui est devenu comme par enchantement les ‘’Grands Trains du Sénégal (GTS)’’ ! Que le lecteur apprécie ! Qu’il apprécie aussi un peu plus bas ceci : « Et progressivement, à l’avenir, reconstruire les rails jusqu’à Saint-Louis pour le bonheur des populations. » Progressivement à l’avenir ! Dommage que le Pr Sankharé ne soit plus en vie !

Donc, profitant de la cérémonie qu’il présidait, le Directeur général des ‘’Grands Trains du Sénégal (GTS)’’, M. Mame Samba Ndiaye « annonce la reprise des activités du chemin de fer en fin d’année ». Il explique ainsi le retard de la relance : « Il y avait les travaux du TER qui nous avaient obligé (?) à garer les trains. Les travaux étaient terminés, aujourd’hui notre volonté est de faire en sorte que les trains puissent sortir d’ici et qu’on puisse les mettre sur les rails (sic). Une fois sur les rails, nous voulons construire le nouveau hub ferroviaire, il s’agira en effet de faire en sorte que la ville de Thiès retrouve son lustre d’antan. Á partir de Thiès, nous voulons desservir l’ensemble du territoire nationale. » Arrêtons-nous un peu sur cette réponse ! Pour construire vraiment un nouveau hub ferroviaire à Thiès, pour faire en sorte que la ville retrouve son lustre d’antan, il fallait y investir les certainement plus de mille (1000) milliards engloutis par ce TER mobilisé. Avec autant d’argent, il serait bien possible de reconstruire ce qu’on appelait le ‘’Dépôt’’ et, à partir de cet important existant, changer carrément les deux voies ferrées Thiès-Dakar, réhabiliter à neuf toutes les gares se trouvant entre les deux villes, et acheter des trains modernes qui se croiseraient de six heures à 24 heures. Il serait alors aisé pour des milliers de travailleurs d’habiter Thiès, Pout, Sébikotane, Diamniadio et de travailler à Dakar. De Diamniadio, un embranchement mènerait à l’AIBD pour 19 kilomètres.

Dans une seconde étape, les voies ferrées de l’intérieur seront réhabilitées et, pourquoi pas, le grand projet du train Dakar-Ziguinchor enfin réalisé.

Revenons, après cette parenthèse, sur la cérémonie de décoration ! Monsieur le DG révèle que la relance se fera par étape, que dans un premier temps, les activités commenceront par les axes qui desservent la Région de Thiès. Ils ne sont vraiment pas très significatifs, ne concernant que l’axe Thiès-Tivaouane puis celui Thiès-Touba. Selon lui, les rails sur le premier axe se portent très bien et ceux du second seront rapidement réhabilités. Mais, ce qui retient surtout son attention, du moins en apparence, c’est le transport des voyageurs vers Diamniadio. « Enfin bien entendu, explique-t-il, et c’est le cœur du système ferroviaire du Sénégal, nous comptons aussi transporter les voyageurs vers Diamniadio. Comme vous le savez, la gare emblématique de Diamniadio est celle au niveau de laquelle le Ter va terminer sa destination. Á ce niveau, il est important que nous puissions pourvoir le Ter en passagers. Nous allons convoyer les passagers de Thiès vers Diamniadio, afin de leur permettre de regagner Dakar ».

Il convient de noter d’abord que le Secrétaire d’État et le Directeur général ne parleraient pas le même langage. Pour le premier, la dorsale Daka r-Tambacounda serait la priorité, le cœur du système ; pour le second, ce serait plutôt Thiès-Diamniadio, Diamniadio-Dakar. Le Secrétaire d’État présent à la cérémonie de décoration insiste sur la relance des activités ferroviaires. « Cette relance, explique-t-il, est imminente, mais il faut la préparer dans la mesure où les chemins de fer bien qu’étant un levier important du transport, devraient pouvoir se développer dans un contexte sécurisé. C’est la première fois au Sénégal que l’on redémarre quelque chose qui s’est endormi (sic). » Et notre Secrétaire d’État de terminer sa savante explication de texte par ces mots : « Nous allons lancer la réfection des rails entre Dakar et Tamba, Tamba-Kidira, préparer des ponts, des rails. Tous ces travaux peuvent finir à la fin de l’année et nous pourrons alors relancer le train. » Tous ces travaux pourront finir à la fin de l’année ! Comment ces gens-là peuvent-ils finir autant de travaux en neuf (9) mois, alors qu’ils ne sont pas capables de terminer la construction du fameux TER en plus de cinq ans ? Basta !
Il est temps de conclure cette longue balade au cœur des chemins de fer du Sénégal ou de ce qu’il en reste, ces chemins de fer à plusieurs visages. L’impression, peut-être même la certitude qu’elle me laisse, c’est que l’homme qui nous dirige préfère de loin, en politicien pur et dur qu’il est, les investissements de prestige aux investissements de développement.

Les milliards que ce TER tout de mensonges et d’escroquerie a engloutis, pourraient bien être plus utilement investis ailleurs. Enfin, en lisant mon texte, mes amis de l’Alliance pour la République (APR), du Parti socialiste (PS), de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), du Parti pour l’Indépendance et le Travail (PIT), de la Ligue démocratique (LD) piafferont d’impatience à me tomber lourdement dessus. Je les supplie de prendre d’abord le temps de lire intégralement l’interview du Secrétaire d’État au Réseau ferroviaire et la relation que la journaliste de Sud quotidien a faite de la cérémonie de décoration des retraités.
Dakar, le 13 mars 2021

Mody Niang

Comme un essaim d’abeilles, les responsables de l’APR se ruent dans leurs localités respectives pour y animer des méga-meetings dont les coûts vont souvent au-delà d’une centaine de millions de francs. Pourtant pendant la période du 5 au 8 mars, lorsque le président de la République avait eu le plus besoin d’eux, ils s’étaient tous terrés dans leurs bunkers s’ils n’avaient pas tout bonnement déménagé dans des hôtels et évacué leurs familles à l’étranger pour échapper à la colère des jeunes furibards. Ces jours de braise ont montré la lâcheté des compagnons de Macky Sall.

En effet, rares parmi eux ont été ceux qui ont eu le courage, à leurs risques et périls, de braver la rue ou de se présenter sur les plateaux de télés ou dans les studios de radios pour défendre le président de la République en même temps leader de leur parti. Les rares apéristes qu’on a vu monter courageusement au front et se transbahuter de plateau en plateau, c’est Yakham Mbaye, Lamine Bara Gaye et Abdou Mbow. Toutes les autres grandes gueules salonnardes de l’APR ou de Benno Bokk Yaakar s’étaient effacées de la scène politique et médiatique en mettant leurs téléphones hors ligne.

Ces jours de feu ont sans doute permis au président Macky Sall de savoir sur quel responsable il compter ou ne peut pas compter. Début mars, on a assisté à l’image métaphorique des rats qui sortent du navire au moment où il commence à couler. Heureusement pour le président Macky Sall que le bateau a tangué mais ne s’est jamais renversé en dépit de la houle provoquée par la colère des jeunes qui l’a violemment secoué. Aujourd’hui, l’idée de sanctions administratives ou politiques planant comme une épée de Damoclès sur la tête de certains responsables, on assiste à un rush vers l’organisation de meetings dans l’unique but de vouloir montrer une fidélité, qui n’est en réalité que de façade, au Président. Lequel n’est évidemment pas dupe. D’ailleurs, le maire de Guédiawaye, par ailleurs frangin du Président, a violemment chapitré les collaborateurs et compagnons qui, pendant les événements sanglants de mars, s’étaient éclipsés et n’avaient plus donné signe de vie. Mais c’est l’hôpital qui se moque de la charité puisque lui, Aliou, avait complètement disparu de la nature au point qu’il était « wanted » par les jeunes de Guédiawaye.

Aujourd’hui, il faut s’attendre d’un moment à l’autre à ce que le président de la République secoue le cocotier gouvernemental et coupe impitoyablement des têtes. Ceux qui s’agitent craignent donc pour leurs postes ou leurs responsabilités au sein de l’APR. Les premiers à donner le ton, c’est le maire de Agnam-Civol Farba Ngom avec ses ouailles Moussa Bocar Thiam, Agent judicaire de l’Etat, et maire de Ourossogui et Malick Sall, ministre de la Justice. Leur méga-meeting aurait coûté plus de 100 millions de francs même si Farba Ngom fait état d’un coût moindre. En tout cas, ce qui est politiquement incorrect, c’est que ce meeting s’est tenu à un moment où le Président parlait justement du financement d’emplois pour les jeunes. Et ce qui est socialement et moralement inacceptable, c’est que ce méga-meeting s’est tenu dans un terroir, le Fouta, démuni de tout. La seule grande activité qui y est ouverte aux jeunes, c’est le transport avec les motos Jakarta. Dans un Fouta « Tampi » où le chômage est la règle pour tous les jeunes, organiser un meeting de plus cent millions, c’est manquer de respect à cette couche importante de la population, c’est aussi rester insensible voire se détourner des vrais problèmes qui assaillent les jeunes Foutankés. Dans le même Fouta « Tampi », plus précisément dans le département de Podor, cette fois-ci, les ministres Abdoulaye Daouda Diallo et Cheikh Oumar Hann, alliés de circonstance, se sont ligués pour faire une démonstration de force en faveur du Président Macky Sall. En ce moment de doute où les fidélités déclinent, il faut essayer de rameuter les troupes, ressouder les rangs même si c’est situationnel et donner des gages de fidélité au Président.

A Dakar, le meeting organisé par le ministre de l’Environnement a fini par des échauffourées entre militants apéristes de tendances différentes. Amadou Ba, récemment défenestré, a tenu un meeting dans un endroit clairsemé. Le ministre Oumar Guèye n’a pas été en reste dans son fief de Sangalkam. Les responsables casamançais tels que Doudou Ka et Aminata Assome Diatta ont organisé des meetings dans des endroits où deux pelés et trois tondus essayaient en vain de dissimuler l’absence du public. Les alliés au sein de Bennoo Bokk Yaakaar, pour continuer de jouir de leurs privilèges et sucer en toute sérénité leur loukoum, sont obligés, à travers des meetings contraints, de prouver leur ancrage dans la mouvance présidentielle.

Tous ces rassemblements nullement spontanés de responsables politiques apéristes peuvent constituer des moyens de chantage ou des mises en garde adressées à Macky Sall pour lui signifier que leurs forces populaires restent intactes malgré tous les événements qui se sont déroulés. Par conséquent, ce serait un pari risqué avant les locales et les législatives de se séparer d’eux en tant que responsables dont la popularité est indéniable.

Pour le moment, du côté de la majorité présidentielle, n’est ni propice ni opportun pour des rassemblements politiques. La préoccupation présidentielle est de trouver les voies et moyens pour satisfaire les revendications et maux qui ont essentiellement poussé les jeunes à investir la rue pendant 120 heures. Et ces revendications et maux ont pour nom : EMPLOIS.

Dans un tel contexte, est-il décent d’organiser à coup de dizaines de millions des meetings qui risquent d’aggraver la propagation du coronavirus ? Que nenni ! Macky Sall sait bien que tous ces meetings de responsables politiques maires ou de ministres ne sont que des « door marteau » pour dire que ce sont des stratagèmes hypnagogiques pour endormir le Président-décideur pour conserver leurs passe-droits dans l’actuel gouvernement. Ou, pour d’aucuns, faire leur entrée dans le prochain attelage ! Mais connaissant la détermination et l’esprit vindicatif du chef de l’Etat et chef de l’APR, ces meetings trompeurs ne le dévieront indubitablement pas de sa volonté de mettre sur le billot les têtes des responsables fuyards face à l’adversité. Sa Majesté va d’abord se consacrer sans doute sur le Conseil présidentiel pour l’emploi des jeunes avant de conduire au peloton d’exécution les fugitifs et les déserteurs. Et qu’importe qu’ils aient organisé des meetings de soutien ou pas !

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