Côte d’Ivoire : les élections législatives de ce Samedi se déroulent avec la participation de tous les partis politiques…

Ce sont des élections législatives ivoiriennes avec, en toile de fond, le désir d’un retour à une vie politique apaisée. Près de 7 millions et demi d’électeurs ivoiriens sont attendus dans les bureaux de vote, ce samedi 6 mars, afin de renouveler les 255 sièges à l’Assemblée nationale. Le RHDP, le PDCI, Le FPI, les trois principales forces politiques participent au scrutin 4 mois après une présidentielle boycottée par les opposants et des violences qui avaient fait 87 morts. Tour d’horizon avec nos correspondants et envoyés spéciaux.

Au groupe scolaire Riviera Golf, à Cocody, écrit notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto, les opérations de vote ont commencé, dès 8h00, peu à peu, avant que les personnels de la Commission électorale indépendante (CEI) ne finissent de mettre en place le matériel électoral. Une dizaine d’électeurs qui attendaient depuis 8 heures ont été les premiers à voter, d’autres sont arrivés petit à petit.

La participation, c’est un enjeu de ce scrutin. Pour la première fois depuis dix ans, tous les partis politiques y participent y compris les partisans de Laurent Gbagbo sous les couleurs de la plateforme EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté). Tous les camps jouent gros et ont appelé leurs électeurs à se mobiliser.

Aux dernières législatives, en 2016, la participation avait à peine dépassé les 34 % mais après une présidentielle de 2020, boycottée par l’opposition et marquée par des violences politiques, les états-majors espèrent que les électeurs vont se rendre cette fois massivement aux urnes pour s’exprimer : les partisans du pouvoir  pour conforter la victoire de leur champion, Alassane Ouattara, et lui permettre d’avoir les mains libres à l’Assemblée pour mener sa politique ; ceux de  l’opposition à l’appel de leur leader pour ne pas laisser ce qu’ils appellent « le pouvoir absolu » au RGDP d’autant que, cette fois-ci, la campagne s’est déroulée dans un climat apaisé, plus propice à faire en sorte que les électeurs qui ne sont pas forcément des militants, décident d’aller glisser un bulletin dans l’urne.

Bouaké, un résumé du panorama de cette élection

Ce scrutin est marqué par le retour dans le jeu électoral des partisans de l’ancien président Laurent Gabgbo, après 10 ans d’absence. François Mazet, notre envoyé spécial à Bouaké, la deuxième ville de Côte d’Ivoire dans le centre du pays, a pu constater que les bureaux de vote ont pris un peu de retard.

Ainsi, à la bourse de travail du quartier Koko, un centre de vote qui compte 11 bureaux, ces derniers ont ouvert en ordre dispersé. La plupart l’ont fait dans le dernier quart d’heure, le temps de vérifier les listes, de tout installer et de sceller les urnes.

Un peu de monde tout de même pour cette ouverture, la plupart des électeurs intéressés étaient là bien avant 8 heures dans l’espoir d’aller vite aux urnes faire leur devoir de citoyen et ensuite de vaquer à leurs occupations, d’aller travailler.

Quatre listes s’offrent aux électeurs de Bouaké qui résument un peu le panorama de cette élection. Il y a le RHDP, le parti au pouvoir, Bouaké est un fief du parti d’Alassane Ouattara ; la liste est menée par le ministre des Transports Amadou Koné qui espère faire un score triomphal.

Face à lui, trois adversaires, PDCI-EDS d’un côté, les deux grandes formations de l’opposition qui font cause commune aujourd’hui, d’autres partis d’opposants autour du FPI et un candidat indépendant.

De forts enjeux

Mahiboua, signale notre envoyé spécial Francois Hume Ferkatadji, est l’un de la centaine de villages qui se trouvent dans la circonscription Gagnoa sous-préfecture. L’ouverture du bureau, ici, a pris un peu de retard, pendant que quelques électeurs attendaient dans le calme. C’est un tout petit bureau puisque l’on compte 327 inscrits – il y en a 36 000 au total – dans cette circonscription n°69 où un siège est à pourvoir et où l’on compte pas moins de 17 candidatures très indépendantes, la plupart des pro-Gbagbo, et 4 candidats issus des grands partis.

Mais ici, l’enjeu est de taille. Le PDCI et EDS, la plateforme des pro-Gbagbo, n’ont pas réussi à trouver un accord, alors que dans la plupart des autres circonscriptions, ils se sont alliés.

Ce sont même deux mastodontes politiques qui s’affrontent faisant dire à certains commentateurs qu’il s’agit d’un « match par procuration » entre les deux anciens présidents, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.

Un observateur nous a dit, hier, en plaisantant: « Ici, un cadavre va mourir », autrement dit une personnalité importante va chuter. En lice, Maurice Kakou Guikahue, numéro 2 et secrétaire exécutif du PDCI, pressenti pour prendre la succession de Henri Konan Bédié à la tête du parti et de l’autre côté, Marie-Odette Lorougnon, vice-présidente du FPI, deux enfants du pays.

Le résultat est donc très attendu ici car ce serait un coup dur pour l’un ou l’autre des candidats. En cas de défaite d’EDS, on pourrait y voir la perte d’influence du FPI Gbagbo dans l’un de ses fiefs emblématiques après une décennie de boycott des urnes.

Et en cas de défaite du PDCI, le parti historique devra justifier la chute de l’un de ses plus hauts cadres, par ailleurs pressenti pour prendre la succession de Henri Konan Bédié à la tête du parti.

rfi

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