Perçue comme un séisme politique en France, la perte de la majorité absolue par la formation du président Emmanuel Macron, lors des dernières élections législatives, n’a rien d’inhabituel à travers l’Europe. A l’exception de la Grèce, de Chypre, de Malte, du Portugal, de la Hongrie et, hors Union européenne, du Royaume-Uni, les gouvernements des partenaires européens de la France ne sont guère dominés par un parti majoritaire. A deux, à trois, à cinq, voire à sept, contre nature ou de circonstance, stables ou fragiles, les coalitions ont même tendance à devenir la règle en Europe. Contraint par le résultat des urnes à trouver de nouvelles manières de gouverner, l’exécutif français rejoint donc une cohorte déjà fournie. Comme la France aujourd’hui, certains de ses voisins ont dû compenser la baisse des grands partis traditionnels par la recherche de nouveaux attelages gouvernementaux. Avec plus ou moins de succès : de longs mois de négociations sont parfois nécessaires pour s’entendre, et les gouvernements peuvent vaciller sur une unique défection, comme en Bulgarie ces derniers jours. Dans la plupart des pays, le système électoral, fondé sur des scrutins proportionnels, est l’une des raisons qui amènent les formations politiques à chercher des majorités à géométrie variable. « Il n’existe quasiment nulle part en Europe une possibilité de majorité absolue, souligne Paul Maurice, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), au sein du comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa). Dans le contexte français, une coalition comme en connaît l’Allemagne, par exemple, n’est plus possible.
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