Élections législatives Sénégal.

14e Législature : les attentes d’une jeunesse éveillée et patriotique (Par Amary Ba)

Le 31 juillet 2022 se tiendront les élections législatives au Sénégal. Comme souligné dans mon dernier article, à défaut de pouvoir changer le mode de scrutin pour une séparation effective des pouvoirs, il nous incombe à nous (la jeunesse) de choisir les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. La mission de députation est un sacerdoce, c’est une responsabilité d’une importance capitale pour le bon fonctionnement de l’échiquier démocratique. Passée au crible durant ces dernières années, la situation de l’Assemblée nationale témoigne d’un recul démocratique indéniable. En effet, nous avons remarqué au Sénégal, d’innombrables détournements d’objectifs de la part de nos pseudos députés, entre trafique de visa, détournement de deniers publics et même trafic de faux billets mettant en danger l’économie de tout un pays. Cela devrait nous pousser à mener des enquêtes approfondies sur l’identité même de tous les candidats aussi nombreux qu’ils puissent être. Nous savons comment fonctionne la politique sénégalaise, entre le choix de mettre dans une liste le militant de la première heure du parti, et le militant compétent pour le poste, les dés sont rapidement jetés. Peu importe le niveau de fidélité ou de confiance que le patron a envers un militant, cela ne devrait pas être un critère de sélection.

Par rapport à nos attentes, il va nous falloir d’abord de bons PROFILS, des personnes capables de prendre en charge des aspirations à la hauteur des exigences de la démocratie.

En effet, on ne s’en rend pas compte, mais ceux qui savent lire entre les lignes diront que la mission de députation dans les années à venir sera beaucoup plus complexe, en raison de la découverte des nouvelles ressources minières, très prisées au vu de la situation géopolitique internationale. Pour pouvoir faire face aux intérêts internationaux, il va nous falloir des hommes, loyaux et patriotes. L’idéal serait de choisir des hommes avec un niveau d’étude avancé, car un bon député doit être pluridisciplinaire, puisqu’une fois dans l’exercice de ses fonctions, il recevra sur sa table plusieurs budgets provenant de différents ministères (santé, économie, pêche, agriculture pour ne citer que ces derniers) et chaque budget nécessite beaucoup de lectures et d’analyses.

Un député doit surtout avoir des connaissances en droit administratif, plus précisément en finances publiques. Ceci est d’une importance capitale, car si la personne n’a jamais fait les bancs et un bon matin elle se retrouve face à un projet de loi de finances non seulement elle ne saura pas comment l’éplucher (ouvrir le dossier rubrique par rubrique, lire le sommaire, connaître l’élaboration du budget, les affectations…) voir même comment appréhender la nomenclature du budget.

Osons le dire, nos députés n’en ont cure de la situation qui sévit au Sénégal actuellement. Entre servir leurs propres intérêts, ou s’ériger en sentinelle pour assurer une démocratie vivifiante, la première option l’emporte largement. L’on comprend dès lors, pourquoi à l’Assemblée nationale sénégalaise les députés ressemblent à des ROBOTS ayant comme fonction spécifique la levée de la main, ou juste des enfants scotchés sur leurs téléphones en train de regarder des vidéos. Pour revenir dans du plus sérieux, il faut dénoncer le fait que l’exécutif présente tout le temps le budget par chapitre. Je m’explique : il y’a ce qu’on appelle la présentation du budget par ARTICLE et une présentation par CHAPITRE. La présentation du budget par ARTICLE est beaucoup plus précise et détaillée. Si on prend comme exemple le ministère de la Santé, cette présentation pourrait permettre aux députés de savoir exactement vers quel secteur ira une dépense, voir les sous-secteurs allant même jusqu’aux personnels. Tandis que la présentation par CHAPITRE est juste synthétisée et c’est ce qui facilite les détournements. Cette agrégation ne stipule que la somme dédiée à un ministère sans laisser l’opportunité aux députés de pouvoir savoir quelle dépense est allouée à quel secteur exactement. Cela s’est produit durant toute la dernière législature, raison pour laquelle il faut mettre fin le plus rapidement possible à cette gestion nébuleuse de nos deniers publics. Je répète, il va falloir que la nouvelle législature veille à ce qu’on ventile le budget par ARTICLE et non par CHAPITRE pour permettre aux nouveaux députés d’avoir une vision claire et nette des détails de la dépense facilitant ainsi l’appréciation des priorités pour ensuite voter aisément.

Un député doit aussi être un adepte de la tenue et de la retenue. Ce qui nous permet de faire une transition vers un second critère très important après la compétence à savoir la CONSTANCE.

En effet, le député doit fidélité à son électorat en premier lieu puis à son parti ou sa coalition. Nous vivons des moments historiques au Sénégal où le président n’hésite pas à montrer à toute une nation respectable, qu’il est prêt à mettre tous les moyens sur la table pour corrompre des maires élus il n’y a même pas deux mois. Ce qui est inacceptable dans une démocratie digne de ce nom, car l’élu a une obligation de fidélité, de retour et de constance envers son électorat, tout acte contraire à cela relève de la trahison et des sanctions devraient automatiquement s’en suivre. Les textes de l’Assemblée nationale stipulent qu’un député élu sous la bannière d’un parti ne peut pas transhumer sous risque de perdre son mandat, mais un député élu sous la bannière d’une coalition a en le droit d’où l’importance de choisir le BON PROFIL.

J’en profite pour rendre un vibrant hommage à cette partie de la jeunesse silencieuse, mais consciente des priorités de l’heure actuelle et qui refuse de participer à toute manipulation médiatique sur la base d’un sujet sexuel sans but opportun pour le développement de notre chère nation. Ne faisons pas pire que nos aînés, car nous devons refuser de vivre un autre « 60 ans de misère ».

Amary Ba,
Juriste
Canada

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