Une contribution de M. Ibrahima CISSE, Professeur titulaire des Universités, Vice-Recteur de l’Université Amadou Mahtar MBOW.
De nos jours les problèmes environnementaux concernent toutes les Nations du monde. Les conséquences sont parfaitement visibles. Plusieurs réflexions sont en cours dans tous les continents sur les trois grands enjeux du développement durable : l’économie, la société et l’environnement. En réalité, toute la problématique se situe sur notre capacité à concilier ce Nexus Economie-Environnement-Société.
Le constat est unanime, la composante « Environnement » souffre, se dégrade et, est en quête permanente d’un équilibre pour préserver son vivant. Cependant, les trajectoires définies par la grande majorité des Etats à travers le monde, pour être au concert des puissances économiques, compromettent un avenir radieux du système climatique mondial. Avec les niveaux d’émission de gaz à effet de serre, les modèles climatiques prévoient une augmentation des températures moyennes de 1,5 à 2° C d’ici la fin du siècle. L’évolution des extrêmes thermiques et l’occurrence imprévisible d’événements extrêmes fragilisent notre capacité d’adaptation ainsi que la capacité de résilience des écosystèmes et des territoires face aux effets du changement climatique.
Toutefois, les effets des périodes de confinement liés au Covid-19 sur le climat montrent que le changement est possible, pour préserver l’environnement et sa biodiversité. D’ailleurs, des espèces ont fait leur réapparition dans certaines villes, trouvant des conditions environnementales favorables.
S’il est vrai que l’espèce humaine, à travers la science et l’innovation technologique, développe et continuera à développer des outils pour son bien-être, il n’en est pas de même pour les autres composantes du vivant. De nombreuses espèces sont d’ailleurs menacées d’extension ; notamment celles dont le développement et la survie sont extrêmement sensibles aux contrastes thermiques. L’exemple de certains insectes pourrait être pris comme un « cas d’école ».
Après de nombreuses observations, j’ai fait un simple constat de la situation qui attirait jadis toute notre attention durant le début de l’hivernage à la fin de la pluie : l’arrivée des insectes !
D’habitude après les premières pluies, des nuées de petits insectes envahissaient toute la ville, volant autour des lampadaires, agaçant fortement tous les piétons et se collant sur le pare-brise des conducteurs.
A la maison, un délestage ou coupure d’électricité avant le repas du soir était vivement souhaité. On assistait à un vol nuptial entre fourmis, papillons et termites. Ces insectes se retrouvent pour se reproduire. Ce phénomène est pénible car des milliers d’insectes se rencontrent en même temps souillant l’air et le sol. Néanmoins cette nuisance reste un phénomène intéressant de la nature.
Si dans certains pays du monde l’ampleur de ce phénomène n’est pas encore visible, au Sénégal le constat est unanime dans toutes les localités du pays: les insectes sont de moins en moins visibles après les premières pluies. Deux interrogations scientifiques liées à ce constat majeur sur les insectes: (i) leurs conditions hydro-environnementales sont-elles changées ? (ii) Serait-elle liée au changement climatique et/ou aux actions anthropiques ?
N’assistons pas à une accélération de l’extinction d’une partie du vivant des insectes ?
Actuellement 20 934 espèces sont menacées parmi les 70 294 étudiées. La biodiversité est en danger ! Les environnementalistes ont lancé plusieurs alertes sur la perturbation des écosystèmes occasionnée par la pollution, la surexploitation, le changement climatique, etc. La disparition de certaines espèces peut entraîner la perte de fonctions incontournables et irremplaçables pour l’humanité. Des mesures urgentes doivent être prises pour un équilibre des écosystèmes mais aussi pour la survie de l’humanité.