Mali et France armée (Brahima TRAORÉ).

Quand Macron appelle la CEDEAO et l’UA à prendre des sanctions contre le Mali ?

L’actuel président de la France, Emmanuel Macron, est, on le sait, arrivé au pouvoir à la faveur d’un accident de parcours politique en France.

Bien entendu, suite aux errements de la vie politique française, un accident de parcours s’est produit, lequel a donné naissance, contre toute attente d’ailleurs, et politiquement parlant, à un enfant à la tête de la France.

Bien évidemment, les circonstances dans lesquelles cet accident est survenu, en son temps, avaient créé un dysfonctionnement dans la marche normale de la vie politique française, si bien que les acteurs majeurs avaient été malicieusement écartés ou s’étaient plutôt mis à l’écart : les exemples de François Fillon et de François Hollande en sont illustratifs, où le président sortant a curieusement décidé de ne pas se représenter à la présidentielle.

Au regard donc de la vacuité politique occasionnée par cet accident de parcours, l’enfant inattendu politiquement parlant, qui en est issu, criait déjà en ces termes : en marche ! Et pourtant, on le sait, la marche d’un enfant est toujours maladroite et imprudente. D’où l’interrogation suivante : marcher d’où, vers où, comment et pour quelles fins ?

Le temps étant le meilleur juge, les réponses ne devaient pas tarder à naître. C’est ainsi que la macronie ou la politique d’Emmanuel Macron, dans sa conduite, aura fait beaucoup d’errements et d’égarements, au point de provoquer des situations extraordinaires. Si les unes choquent la conscience collective, notamment par leur caractère indigne et condescendant, les autres donnent lieu aux sourires mondiaux, notamment en raison de leur caractère spectaculaire, sinon dramatique.

S’agissant des moments dramatiques, on se souvient très bien, et pour n’en citer qu’un exemple éloquent et élégant, de ce fameux coup de gifle spectaculaire, très soigneusement et excellemment administré à la joue d’Emmanuel Macron, comme pour dire que l’enfant dévoyé mérite toujours un châtiment corporel, de nature pas trop violente, mais de caractère moral et pédagogique.

Alors, très sérieusement, que penser d’un président qui se fait laminer de la sorte par un de ses paisibles compatriotes ? Quoiqu’on puisse dire, si le geste est d’ordinaire infantile, sa signification relève bien de la sagesse antique. C’est bien une leçon de morale donnée au président, afin de l’amener à la raison et au bon sens. Mais hélas ! La leçon semble n’avoir pas produit l’effet pédagogique escompté.Toute chose qui est démontrée par la récurrence des errements et des égarements politiques indignes et révoltants, notamment vis-à-vis de l’Afrique de l’ouest, le Mali en particulier.

Quant aux événements choquants, ils sont légion. Ils vont de l’outrecuidance scène de mise en place de « Wacron » (monnaie d’Alassane Wattara et d’Emmanuel Macron) en Côte d’Ivoire, en lieu et place de l’ECO, éventuelle monnaie de l’espace CEDEAO. Quelle outrecuidance de la part de ces deux personnalités ! Quel mépris des règles du multilatéralisme devant guider une telle entreprise monétaire, laquelle relève pourtant de la souveraineté monétaire des Etats.

Ils concernent aussi l’irrespectueux et l’arrogant appel de Macron sur les médias, destiné aux présidents du G5 Sahel à venir clarifier leurs positions. Mais, quel affront et quel mépris des règles élémentaires de la courtoisie diplomatique ! Là, on pense bien à un rapport de vassalité entre Macron et les chefs d’États convoqués, à l’instar de la convocation émise par la police. Cependant, en toutes relations, y compris les relations interétatiques, ne sont respectés, que ceux qui se respectent. Alors, il est temps que nos chefs d’États se respectent.

Ils sont également relatifs au parrainage, par Macron, de la transmission héréditaire du pouvoir dans un État, et ce, en violation des règles constitutionnelles du pays (Tchad), au silence coupable vis-à-vis de certains coups d’État militaires ou constitutionnels (Burkina Faso, Guinée, Côte d’Ivoire), et à l’acharnement contre d’autres coups d’État (Mali). Quelle attitude dichotomique et paradoxale ! Quelle leçon faut-il en tirer ?

Comme si tout cela ne suffisait pas, l’arrogance de Macron est encore poussée à son paroxysme, au point maintenant de donner, de façon publique et médiatique, des injonctions à la CEDEAO et à l’UA, en vue de prendre davantage de sanctions contre le Mali, lesquelles seront appuyées par la France, notamment au sein de l’UE et de l’ONU. Mais enfin, ce Macron se prend pour qui ? L’empereur, l’impérialiste ou le nouveau colon d’Afrique ?

En définitive, on assiste à une sorte de néocolonialisme institutionnel, qui trouve son fondement dans la traîtrise et l’irresponsabilité de nombre des dirigeants africains vis-à-vis de l’Occident. Cette nouvelle forme de colonisation exige une nouvelle lutte héroïque.

TRAORÉ Brahima,
natif de Tienkoungo (Mali),
juriste publiciste à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis/Sénégal

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