Le 14 septembre 1997, disparaissait El Hadji Abdou Aziz Sy «Dabakh». Ce Lundi 14 septembre 2020, cela fera donc 23 ans que nous avait quitté cette référence qui reste plus que jamais actuelle. Les Sénégalais se souviennent encore de la grandeur du 3e Khalife de Maodo Malick Sy. Parce que le saint homme avait une marque qui lui est propre. C’est l’art d’allier, dans ses discours et ses sermons, le dialogue social, la politique, le religieux… Remarqué par sa bonté et sa générosité, «Dabakh» Malick n’est, dès lors, méconnu de personne au Sénégal.
Le 14 septembre 2013, pour les 16 ans de la disparition d’El Hadji Abdoul Aziz Sy, surnommé «Dabakh» (le généreux en wolof), nous produisions ce mini-dossier pour retracer quelques aspects de sa trajectoire. Le contexte a certes changé depuis, mais le personnage reste plus que jamais actuel, tout comme ce qui avait été écrit alors. D’où le choix de reproduire ce texte pour revivifier la générosité légendaire du troisième Khalife général des tidianes et son ouverture qui sont reconnues par tous, au Sénégal et ailleurs dans le monde. Cela faisait partie des traits de caractère du saint homme.
Né à Tivaouane en 1904, «Dabakh» est le fils du pionnier du tidjanisme au Sénégal, El Hadji Maodo Malick Sy, et de Sokhna Safiyatou Niang. Abdou Aziz fut le troisième Khalife de la confrérie tidiane. Ce, après le rappel à Dieu de ses frères aînés, Seydi Ababacar Sy et El Hadji Mouhamadou Mansour Sy, respectivement, premier et deuxième Khalife de Maodo Malick.
«Dabakh» accéda au titre de Khalife de la tidjaniya le 13 mai 1957. Bien qu’il ait une maîtrise du savoir islamique, Abdoul Aziz Sy n’a pas cessé de renforcer ses connaissances. Et la quête du savoir l’avait conduit dans plusieurs pays. C’est ainsi que, durant son Khalifat, il a visité le Maroc, l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, la France, la Mauritanie, entre autres. Cela faisait suite aux nombreuses sollicitations qu’il recevait. Car sa sagesse a dépassé les frontières du Sénégal.
Son légendaire discours prononcé à la Mecque, en 1965, lors du congrès islamique, en est une parfaite illustration. Les paroles restent encore dans la mémoire collective de la tidjaniya en Afrique. Grand commerçant durant sa jeunesse, le saint homme a également beaucoup oeuvré au Sénégal dans le domaine agricole. Il a ainsi reçu, en 1965, une médaille grâce à son combat pour le retour à l’agriculture.
Doué en chant et poésie, il mena plusieurs fois les choeurs religieux, lors de la nuit du Maouloud, fête de la naissance du Prophète Mouhammad (Psl). Il a aussi beaucoup lutté pour une meilleure cohésion entre les différentes confréries musulmanes du pays et a été un acteur majeur du dialogue islamo chrétien au Sénégal et dans le monde.
Après un règne de 40 ans (1957-1997), «Dabakh» Malick a quitté ce bas monde un triste jour du 14 septembre 1997 à Tivaouane, terre où il repose depuis, aux côtés de son père Maodo Malick Sy.
LES DERNIERES RECOMMANDATIONS DE «DABAKH»
Au terme de sa mission spirituelle exceptionnelle de 40 années, au sein de la communauté tidiane et musulmane, de guidance dans la clairvoyance, de prédication au nom de la religion, d’exhortation en faveur de l’union, El Hadji Abdoul Aziz Sy a laissé, pour les générations présentes et futures, l’image lumineuse d’un «abd», comme son nom l’indique : Abdoul Aziz. C’est-à-dire d’un serviteur sincère du Tout Puissant, d’un serviteur fidèle du Sceau des Prophètes, d’un serviteur loyal du Pôle des élus Abdou Abass Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, d’un serviteur respectueux du combattant de la foi Cheikh Oumar Foutyou Tall, d’un serviteur irréprochable du champion de la voie, son père Seydi El Hadji Malick Sy, d’un serviteur désintéressé, disponible et ouvert de la pirogue nationale, sa chère patrie, le Sénégal. Voilà comment «Dabakh» est présenté par le site «Asfiyahi.org».
DANS SES DERNIERES RECOMMANDATIONS, IL RAPPELLE QUE LE «XESSAL» EST CONTRAIRE A L’ISLAM
«De nos jours, il y a quelque chose qui fait fureur dans notre pays. Cette chose nous nuit et va à l’encontre de notre religion, de nos croyances et Satan s’en glorifie. Cette chose qui fait la joie de ce dernier, qui est l’ennemi juré de Dieu et du Prophète (Psl), est vraiment très prisée, car considérée comme faisant partie de la religion ou n’allant pas à l’encontre de celle-là par les femmes.
Le ‘xéssal’ (dépigmentation) est interdit par la religion musulmane. C’est Dieu qui fait les hommes, qu’ils soient Blancs, Noirs, Jaunes. S’il le voulait, tout le monde serait noir ou blanc, s’il a fait la différence, c’est parce que c’est son choix», a souligné «Dabakh», dans une de ses toutes dernières sorties avant sa disparition.
Et pour montrer combien le «xéssal» est contraire aux recommandation de Dieu, il ajoute : «Dans une même famille, Dieu peut faire des Noirs et des Blancs. Et pourtant, ils sont issus du même père et de la même mère. Tout relève de la volonté du Tout Puissant. Alors s’IL te veut Noir, pourquoi s’évertuer à être Blanc ? S’IL te voulait Blanc, il allait le faire avant ta naissance. Pour oser faire du ‘xéssal’, il faut avoir le courage de Satan, car c’est ainsi défier le bon Dieu».
FACE A LA SITUATION EN CASAMANCE
Mame Ousmane Sy rapporte que même dans le lit de mort, «Dabakh» Malick s’inquiétait de la situation en Casamance et n’arrêtait pas de formuler des prières en destination des Casamançais. «Il avait même écrit un poème à l’endroit de ceux-ci, tellement il se préoccupait de la sécurité et du bien-être de la population casamançaise», dit-il.
IL DENONCE LES POLITIQUES ASSOIFFES DE POUVOIR
Abdou Aziz Sy «Dabakh» n’aimait pas non plus les dirigeants politiques assoiffés de pouvoir. «Ils aiment le pouvoir, alors que tôt ou tard ils vont quitter ce monde pour l’Au-delà et ils n’amèneront rien avec eux. Tout ce qu’ils ont dans ce monde ci-bas, qu’ils l’obtiennent dans la politique ou dans autre chose, rien ne leur suivra, hormis sept mètres de percale blanc pour leur linceul. Que les gens se ressaisissent et pensent à Dieu. La vie ne vaut rien», aimait-t-il à dire pour rappeler les politiciens à l’ordre.
UN HOMME DE DIEU A LA BONTE LEGENDAIRE
A l’occasion d’un Gamou, Mame Abdoul Aziz Sy «Dabakh» avait déclaré aux fidèles : «Si je pouvais obtenir de mon Créateur le pouvoir de remplir tout l’enfer de mon propre corps, je le ferais pour que tous aillent au paradis». «Telle est là, la preuve absolue de la bonté de Mame ‘Dabakh’», raconte son fils cadet pour montrer à quel point cet homme de Dieu aimait être au service de son prochain.
TESTAMENT DE SERIGNE ABDOUL AZIZ SY «DABAKH» : LA VERITABLE RAISON DU LEGS DU KHALIFAT A SERIGNE MANSOUR SY «BOROM DARADJI»
L’héritage du Khalife des tidianes avait suscité un grand débat, après le rappel à Dieu de feu Abdou Aziz Sy «Dabakh». Mais les véritables raisons du legs ont été données par le fils cadet de «Dabakh», Mame Ousmane Sy, dans une vidéo révélée par le site spécialisé dans le Tidjanisme «Asfiyahi.org». Selon le fils cadet de «Dabakh», son père Serigne Abdou Aziz Sy avait senti sa mort approchée le jeudi 11 septembre 1997 à 17 heures passées de 20 minutes. «A la veille de cette date, le 10 septembre, il a insisté pour qu’on lui appelle Serigne Mansour Sy, qui est arrivé le lendemain à cause des nombreuses mésaventures qu’il a connues en cours de route», a expliqué Mame Ousmane Sy.
Dans ses révélations, le fils de «Dabakh» de confier : «Mon père a commencé à rédiger son testament, le 4 septembre 1997, il était destiné à son neveu Serigne Mansour et il l’a terminé le 11 septembre». A l’en croire toujours, feu Serigne Mansour Sy est arrivé à cette même date. «Il a tenu à ce que tout le monde soit présent dans leur lieu de discussion, lui qui, d’habitude, préfère rester seul avec son neveu. Il s’est adressé à Serigne Mansour Sy en ces termes : ‘toi qui représentes la droiture, le détenteur du savoir, de la clairvoyance, toi le détenteur du coffre fort des richesses spirituelles de l’âme, toi qui me rassures, réponds-moi, c’est à toi que je m’adresse Mansour. Réponds-moi, souris même s’il s’agit d’un contentement mêlé de tristesse’», a rapporté Mame Ousmane Sy. Il poursuit en indiquant que «Dabakh» a alors dit à «Borom Daradji» : «Véritablement, on t’a attribué les secrets du Khilafa de Cheikhna Ahmed Tidjane». Mame Ousmane Sy précise que ce propos découle du fait qu’une personne peut prendre les rênes de son père et vivre plus de 40 ans, sans savoir les secrets du Khalifa. «Une passation de service n’a jamais eu dans le milieu du Khalifa.
Le Khalife vivant qui passe son service à son futur successeur peu avant sa mort, ça n’a jamais eu lieu dans l’histoire». «D’ailleurs, il n’a pas passé le Khalifa directement à Serigne Mansour. Parce qu’il n’avait pas le droit tant qu’il était vivant. Mais il lui a confié les secrets du Khilifa, ce qui est vraiment très important. ‘Dabakh’ avait désigné son successeur avant sa mort. Il a bien expliqué à Serigne Mansour qu’il est désormais le pilier et la source de la tidjaniya», narre encore Mame Ousmane Sy.
2020-09-14