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D’une urgence de la séparation des pouvoirs.

J’écris cet article en mode éternel recommencement, car ce pilier de la démocratie a suscité d’innombrables écrits et théories depuis la Grèce antique théorisés en premier lieu par Aristote puis John Locke.

Comme on dit souvent, la répétition est pédagogique, donc je le répète il faut absolument couper les cordons ombilicaux entre le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire au Sénégal.

La séparation des pouvoirs a été soulevée comme solution pour préserver les libertés tant individuelles que collectives face à l’autorité politique. Elle représente le socle même d’un état de droit, et si l’on se réfère au contexte politique du Sénégal, on peut affirmer sans ambages que le concept tombe en désuétude.

– [ ] En effet, cette contribution découle d’un fait récent qui s’est déroulé dans ma région natale, PODOR, ou un magistrat du nom de N. DIOP a été affecté et rétrogradé (sanction classique des magistrats qui vont à l’encontre de la volonté de l’exécutif prééminent) au poste de simple conseiller dans la région de Thiès, après avoir mis en demeure un marabout pour des faits graves de menace, d’intimidation et pillage de terres agricoles au niveau de ladite région. Dire que le lobbying est très fort à ce niveau.

– [ ] Cet exemple parmi tant d’autres n’est que fruit de la passivité de l’ensemble des magistrats, bien vrai qu’il faut saluer les efforts fournis par le président de l’Union des Magistrats du Sénégal Souleymane TÉLIKO qui lors de la dernière assemblée générale à préciser que « dialoguer ce n’est pas quémander ce n’est pas supplier ; Dialoguer c’est se présenter avec ses idées et ses convictions en partenaire libre et responsable ».

– [ ] Pour vous dire, vous la jeunesse, que depuis 1960 on en est encore à la phase des discussions. Discussions qui ne mènent à rien, car l’exécutif ne respecte pas le judiciaire puisque si tel était le cas monsieur S. T. n’aurait pas à poser ces deux questions qui suivent dans la parenthèse depuis 2018 (1- comment comprendre l’absence de réaction à la transmission, par l’UMS, des actes du colloque sur l’indépendance de la justice dans lesquels sont consignées les propositions de réforme formulées par l’écrasante majorité des magistrats ? 2- comment comprendre que la demande d’audience adressée par l’UMS au chef de l’État le 13 février 2018, soit depuis plus de 6 mois, n’ait pas connu de suite ?). Je me rappelle encore la démission du juge Ibrahima DÈME en 2018, qui soulignait dans sa lettre le naufrage de la justice causé par le président de la République qui manque à son obligation de garantir l’indépendance de cette institution.

– [ ] Raison d’une contribution s’adressant à la jeunesse consciente, pour vous dire que si nous laissons ce combat d’une urgence capitale aux magistrats jamais ils ne vont s’en sortir seuls. Je respecte le combat de Guy M. SAGNA, Abdou K. GUEYE, etc. ; mais à mon avis, on peut faire d’une pierre mille coups juste en gagnant ce combat. Je m’explique : si l’on arrive à couper le cordon ombilical entre l’exécutif et le judiciaire c’est-à-dire faire en sorte que le procureur général de la République n’ait plus de compte à rendre au ministre de la Justice fonctionnant sous nomination du président de la République qui lui-même est chef suprême de la magistrature, alors il serait beaucoup plus facile de quitter cette justice à deux vitesses. Ainsi, mettre en place le plus rapidement possible un juge de l’application des peines pour rendre l’appareil judiciaire plus fluide ; revoir la manière de fonctionnement de la CREI, etc. Les plus intelligents verront dans mes écrits une solution salvatrice pour les activistes qui sont tous les temps malmenés par les forces de l’ordre même pour une déposition de demande de permission de marche (ignoble).

– [ ] Je repars de plus belle sur ma lancée avec une plume jugée acerbe selon les critiques, roulant cette fois-ci sur le chemin de la séparation de l’exécutif et du législatif. Décapiter la mainmise de l’exécutif sur le législatif fera le plus grand bien à la pseudo-démocratie sénégalaise, permettant ainsi aux députés de ne plus avoir à jouer le rôle de « RobotCop ». Pour arriver au bout de ce combat, il faut arrêter d’orienter le débat sur la date des élections, mais plutôt, sur le système électoral, car c’est la manière dont on choisit les députés qui fait que le président aura toujours son mot à dire et aucun compte à rendre. Avec l’apparition de nouvelles ressources naturelles, il est primordial d’avoir une assemblée libre capable de dire NON à des projets de loi catastrophiques pour l’intérêt du peuple. Je l’avais souligné sur mon article précédent (si l’on ne concentre pas toute notre énergie sur ce combat alors idiot est celui qui ose croire que Sonko ou Karim ou Idy ne sera pas tenté d’user de ces pouvoirs risquant ainsi de nous replonger dans un éternel recommencement). Noter bien que le pouvoir rend fou et le pouvoir absolu rend absolument fou. Aujourd’hui, cette folie est caractérisée par le vol de Gazelles Oryx par celui qui était censé les protéger. À mon niveau, j’utiliserais plutôt le mot « mégalomanie » qui signifie la surestimation de ses capacités qui se traduit par un désir immodéré de puissance et un amour exclusif de soi.

Il n’y a qu’une seule solution et celle-ci est de montrer à nos dirigeants d’une manière ferme que nous tenons à cette séparation. Cela par le biais de manifestations, d’imposer aux futurs candidats de faire de cette séparation non pas une volonté, mais une obligation qui sera enclenchée dès les 6 premiers mois de son mandat. Pas de dialogues ni de discussions, cette jeunesse-là veut des actes concrets. Cette séparation a déjà été théorisée et même marquée au niveau de la constitution.

On aura beau mener des combats sur le manque d’eau, de conditions favorables au développement, d’emplois pour les jeunes, etc. Si cette séparation n’est pas effective, nous allons rester dans cette misère à laquelle nous sommes apparemment habitués, car les pouvoirs du président resteront non encadrés faisant de lui un demi-dieu qui se permet de mêler toute sa famille dans les affaires de la cité sous l’œil inactif des pseudo-intellectuels à colle blanche corrompus d’un pauvre pays. Arrêtez de vous sentir NON concernés !

Amary Bâ
Montréal, Canada
[email protected]

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